Composition formes découpées.





























Dans un premier temps, ne lisez que les phrases en gras… Et si l’idée et le principe vous intéresse, lisez l’ensemble.

Composez des formes découpées.

C’est une séance assez longue et détaillée.

10 feuilles de couleur très différente permettront à 20 enfants de pouvoir travailler.

Le mieux serait d'avoir des feuilles de couleur format raisin, c'est-à-dire, 50 X65.

Il est possible pour compléter de reprendre deux fois la même couleur.

Si le grammage du papier est supérieur à 170 g ça ne sera que meilleur.

Toutefois il est possible de travailler avec du papier machine légèrement teinté de 80 g.

Au mieux, une feuille de raisin pour deux, moins bien, une feuille A3 pour deux, au pire une feuille A4 pour deux.

Donc, 14 feuilles pour 28 élèves.


Composez des binômes de deux personnes.

Un enfant peut travailler seul, ce n'est pas l'idéal, mais il ne faut pas qu'ils travaillent à trois.

Dans un premier temps, c'est intéressant de mettre des enfants qui n'ont pas l'habitude de travailler ensemble.

Donnez la consigne suivante.

« Découpez chacun deux cercles de tailles différentes un petit et un grand et aussi un triangle à peu près isocèle. »

Les cercles auront des dimensions différentes, un cercle sera assez grand, l'autre beaucoup plus petit.

Pourquoi un triangle isocèle ? Tout simplement pour éviter que les enfants taillent un triangle rectangle dans un des quatre coins de la feuille de couleur.

Bien sûr, les enfants vont vouloir dessiner les formes avant de les découper.

Il n'en est pas question pour le triangle isocèle ; en revanche pour le cercle, soit ils se servent de compas, soit ils se servent de couvercles de tailles différentes. Il y aura donc des traits de crayon qui aideront.

Mais, les enfants doivent découper à deux dans la même feuille ! C'est indispensable.

Veiller à ce qu'ils ne découpent pas l'un après l'autre. C'est beaucoup plus drôle de les voir découper ensemble. Ne pas hésiter à le rappeler.

Il y aura bien quatre cercles de découper dans cette feuille et deux triangles isocèles.

Il est important de ne pas parler des chutes de papier coloré dès le début.

Cependant, il y aura toujours quelques élèves qui froisseront les chutes de papier.

« Non ! Les chutes auront encore plus d'importance que les formes découpées. »

Un jour un artiste dadaïste, Jean Arp, s'intéressa aux chutes de papier qu'il découpait alors que sa volonté initiale était de garder les formes qu'il découpait. Il ramassa ce qui était à terre et il décida de s'en servir.

Il faut maintenant réduire la taille de la feuille de couleur dans laquelle il a été coupé quatre cercles et deux triangles.

La consigne la plus intéressante me semble être la suivante :

« Donnez trois à cinq coups de ciseaux de façon à obtenir des chutes de papier qui ne seront guère plus grosses que vos deux mains ouvertes et rassemblées. »

Les pièces et les chutes sont de la même couleur, toutefois, il est possible de commencer une composition sur la table blanche.

Cependant, il est nettement préférable de travailler sur du papier noir.

Le papier noir de 90g n'est pas très cher, en revanche il n'est pas facile à trouver. On en trouve facilement sur le catalogue le Géant de chez Gerstaeker.

Je me fournis exclusivement chez eux.

Bref, il est préférable de déposer les pièces découpées de couleur sur un papier noir.

Dans un premier temps les deux enfants vont composer ensemble sur la feuille noire et leur unique couleur.

« Superposez toutes vos pièces dans un ordre de taille décroissant en plein milieu de votre support noir. Faites ce travail en silence. Vous installerez une pièce l'une après l'autre sans vous chamailler. »

Ne faites qu'un seul exercice avec les pièces de cette unique couleur.

Les opérations de composition vont se multiplier, il est possible de photographier les compositions. Pour photographier, il faut être absolument à l'aplomb de la table, c'est-à-dire de manière aérienne.

« Maintenant, vous allez échanger deux pièces. »

Choisissez deux pièces chacun, celles que vous avez envie de vous débarrasser.

Déplacez-vous. Échangez ces deux pièces contre les deux autres pièces que vous voulez. Les propriétaires n'ont rien à dire.

Revenez à votre place.

Vous avez donc quatre nouvelles pièces sans doute de couleurs différentes et de formes différentes.

Passons maintenant à une deuxième consigne de composition.

« N'utilisez pas toutes les pièces, organisez les pièces dans le format sans qu'elles se touchent. Lorsque vous êtes satisfaits de votre composition, vous n'y touchez plus. Consultez-vous, discutez.»

Il est possible de ne pas respecter tout à fait les consignes de composition que je vous propose les unes à la suite des autres, il peut y avoir des variantes, faites comme vous aimez. En revanche, ce qui est nécessaire c'est d'aller assez vite, quelques cinq, dix minutes maximum et de changer souvent les consignes. Avant de passer par la suite et à la fin à une réalisation personnelle et définitive.

Troisième consigne de composition :

« Disposez vos pièces de façon à libérer l'espace central. Vos pièces seront installées le long de vos quatre bords de la feuille noire. L'idéal serait que les deux longueurs et les deux largeurs disparaissent sous la couleur, il doit y avoir superposition. »

Mais il faut encore obtenir plus de couleurs.



Chaque personne discute avec son voisin de gauche ou de droite, ils échangent encore deux pièces, mais cette fois en discutant, en marchandant.

Cette fois chacun des membres du binôme à tour de rôle réalise sa propre composition avec les pièces de son choix dans la surface noire.

Surprise, ils vont découper leurs pièces rondes.

Il est important de rythmer la séance de façon à ce qu’elle soit sérieuse et ludique.

Un des cercles deviendra un quartier de lune. À l'intérieur de l'autre cercle, l'autre élève du binôme découpera un disque plus petit. Deux cercles deviennent quatre morceaux.

S'il n'y a pas de pièces disque, ce qui est assez rare, l'élève réalisera la consigne avec d'autres formes.

Les deux enfants vont maintenant, se partager le trésor des pièces, chacun en possédera la moitié. L’idéal est qu'ils choisissent à tour de rôle leurs pièces.

Ils font un beau paquet de leurs pièces. Ils se déplacent et ils s'installent maintenant avec leur meilleur ami.

Dans ces conditions, il ne faut pas s'attendre à ce que le travail de composition et d'organisation soit meilleur que dans les conditions précédentes, il sera différent.

Plus tard la feuille noire de format 50X65, voire plus petit, mais supérieur à A3, sera coupée en deux de façon à ce que chaque enfant travaille seul une composition sur son support noir de préférence. Mais ce n'est pas encore le moment !

L'objectif de ce travail est de prouver aux enfants qu'il peut y avoir de nombreuses façons d'organiser des formes et des couleurs sur un fond.

La plupart du temps, les enfants installent les pièces et les collent relativement vite sans avoir vraiment réfléchi. Cet exercice doit leur prouver qu’il peut en être autrement. Vous allez leur démontrer qu’il y a beaucoup de possibilités de compositions et que pour choisir un système de d’agencement il faut avoir le choix.

Je propose une des intentions : « Organisez les pièces de façon à donner l'impression que tout est lourd. »

Le contraire est aussi intéressant : « Organisez les pièces sur votre support noir de façon à leur donner l'impression que tout voltige. »

Une variante : « Organisez les pièces de façon à donner l'impression que les pièces de couleur sont des nuages légers qui flottent. » Je pense à un tableau de Magritte.

Il est aussi possible de passer de la composition abstraite à une forme de composition plus ou moins réaliste.

Par exemple : « Réalisez ensemble un animal à quatre pattes. Vous n'utiliserez pas tous les morceaux.»



Puis, quand cet animal est fini pour eux. Vous leur demandez de continuer en ajoutant certains éléments, par exemple, les deux parties du bec, l'articulation de la patte arrière, les griffes, une queue plus longue, la deuxième oreille un peu cachée, la mâchoire ouverte, une patte pliée plus en avant.

Il me semble important de prendre des photos, il n'est pas nécessaire de le faire systématiquement, mais, ça me paraît indispensable de garder certaines traces de cette séance qui n'en finit pas de se faire de se défaire.

C'est vous qui décidez de la fin de ces essais de composition.

Il peut y en avoir d'autres, cela pourrait se faire lors d'une autre séance, mais nous ne l'avons jamais essayé.

Voici quelques autres possibilités ;

Organiser un grand méandre qui entre et qui sort de la feuille.

Regrouper quelques couleurs vives rondes dans une zone et les encercler par des formes ternes et pointues.

Installer toutes les pièces de façon à ce qu'elles ne se touchent à peine que par un sommet.

Ranger parfaitement les pièces de manière orthogonale dans la mesure du possible.

Redécouper quelques morceaux de manière un peu compliquée ; en escalier, avec un angle rentrant, avec une boursouflure rentrante.

Des ciseaux crantés de différentes formes peuvent être utilisés dès le début de séance, mais peut-être pas systématiquement.

Composer une tête de monstres très menaçantes pleine page avec des détails.

Réaliser la tête d'un individu expressif qui aurait l'air d'un personnage cubiste, avec un drôle de chapeau, avec un drôle de col.

Organiser les morceaux de manière à donner l'impression d'une explosion qui partirait de la gauche.

Puis, à un moment donné il va bien falloir s'arrêter, les enfants peuvent être lassés.

Chaque enfant récupère la moitié des pièces et s'installe devant sa propre surface de papier noir. C'est le grand support noir qu’ils viennent couper en deux.

Sans vraiment de consignes particulières, chaque enfant va consciencieusement réaliser sa propre composition.

Lorsque c'est fini, il est important de fixer la composition sur le fond noir.

Prenez du scotch transparent. Placez des bandes de scotch horizontalement et verticalement tous les 10 cm par-dessus la composition, ça vous évitera d’avoir à la recoller pièce par pièce, cela ne se fait pas et c’est cela qui est surprenant.

Le mat et le brillant du scotch rythment en carré la réalisation de l'enfant.

Toutes les pièces seront tenues c'est presque certain.

Pour clore la séance changeons du tout au tout, passons à du « crade coloré.»

Prenez des stylos feutres de couleur sauf le noir.

Coloriez petit à petit les bandes de ruban adhésif, et poussez avec le doigt la couleur vers l'extérieur, c'est-à-dire vers les pièces organisées. Ayez toujours le même geste c’est important.

La couleur du stylo feutre ne sèche jamais sur le ruban adhésif. Les enfants ont tout le temps pour réfléchir et pour travailler. Il est judicieux d'utiliser dans un premier temps, par exemple, le stylo feutre rouge par-dessous les morceaux de papiers rouges. Puis, c'est bien d'essayer autre chose, mais attention aux couleurs foncées.

Voilà la composition est finie, maintenant, il faut couper les scotchs qui étaient collés sur la table. Couper les scotchs ou les replier de l'autre côté de la feuille.


Il est possible aussi de travailler au verso.

Par exemple, fixez une forme plus ou moins circulaire par une attache parisienne, fixez une bielle, à prendre dans son potentiel de pièces. Faites deux fois cette opération et vous avez au verso une oeuvre dynamique qui peut bouger et changer au gré de votre humeur. Je suis un peu rapide sur cette opération. Elle mériterait d'être reprise dans une autre fiche.

Cet exercice de composition et d'organisation devrait vous prouver et démontrer aux enfants qu'il est toujours possible de jouer de changer, de démonter.

Toutefois, il est important à un certain moment de décider et de trancher.

Il faut avoir essayé de nombreuses possibilités pour qu’il y ait choix.

Ce travail de recherche encadrée et imposée n’est pas souvent fait dans les classes. Vous-même et les enfants, vous n’avez pas l'habitude de rechercher longtemps.

Vous pourriez présenter quelques compositions de formes de Jean Arp et de Sophie Taeur-Arp.

Et aussi quelques œuvres plutôt abstraites de Matisse ; il a simplifié en tentant d’unir la peinture et la sculpture. Il a eu recours aux papiers gouachés et découpés.

« Découper à vif dans la couleur me rappelle la taille directe du sculpteur », disait-il. De cette manière, il réalisera les maquettes des vitraux de la chapelle du Rosaire à Vence, Henri Matisse.

Si vous n’avez pas de document, ce n’est pas grave.









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